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SIJIL : La Triple Rose de la Chambre de l’Adepte

SIJIL : La Triple Rose de la Chambre de l’Adepte.

La Chambre de l’Adepte de l’Église Maure Orthodoxe (Troisième Paradis) a révélé sa nature triple intrinsèque en annonçant la formation en son sein de TROIS ORDRES ou degrés :

1. L’Ordre Fatimide

2. L’Ordre de Jérusalem

3. L’Ordre du Paraclet.

Chacun de ces Ordres est tout aussi œcuménique, radicalement tolérant, et inter-obédientiel que le M.O.C. lui-même, mais chacun possède – pour ainsi dire – une spécificité propre. Ils représentent les trois branches du Monothéisme Occidental en leur harmonie ésotérique et essentielle. L’aménité des Fois est obtenue au travers de l’hérésie, c’est-à-dire d’interprétations non canoniques de la « doctrine ». Voilà les Religions comme le M.O.C. les conçoit et les interprète (à la Lumière du Cercle des Sept Koran du Noble Drew Ali, qui utilise les apocryphes chrétiens et rosicruciens selon un principe syncrétique dont nous avons hérité) : – pour nous, les Monothéismes sont des entités vivantes en pleine mutation et interpénétration, et mutuellement illuminatives. Cette position a été appelée « polyreligiosité ». Elle doit quelque chose au « paganisme », qui n’est pas à proprement parler polythéiste mais plutôt un ensemble de différents cultes et de sectes reconnaissant un principe universel de mutuelle validité. Elle doit également quelque chose au génie syncrétique du Noble Drew Ali et aussi à la position de Hazrat Inayet Khan, le Sufi Chishti qui pratiqua l’Harmonie des Fois et dont les enseignements furent incorporés au sein du M.O.C. au début des années 60, avec la permission de certains disciples toujours en vie à Dehli.

Ainsi, l’Ordre Fatimide est principalement « Islamique » ; déployant spécifiquement une affiliation spirituelle/initiatique avec l’Ismaélisme au sein de la transmission de la Hafeziyya, dont les Imams furent les Califes de la dynastie Fatimide en Égypte de 913 à 1171. Cette lignée est supposée avoir disparu et n’est plus représentée aujourd’hui par aucune autre « église » dans le monde que par l’Ordre Fatimide, qui doit allégeance aux Nizarites (1), Qarmates (2), Bohras (3) ou toutes autres sectes Ismaéliennes existantes. L’Ordre est concerné par l’Hermétisme au sein de la tradition égyptienne/islamique et avec la pratique du « rêve initiatique » dans la tradition Sufie Owayssi (au sein de laquelle les visions initiatiques sont recherchées sans aucun « Maître » autoritaire et sans affiliation à une Tariqat) ; et enfin avec l’étude des théories et praxis révolutionnaires dans l’histoire de l’Islam. L’Ordre suit un principe qui peut être appelé « anarcho-monarchisme », et considère chacun de ses dévots comme un « Prétendant au Trône d’une Égypte Imaginale ».

L’Ordre de Jérusalem tout en étant « Juif » est spécifiquement Judéo-canaanite ou Hébraïco-païen, ou Judéo-« Magique », emphatiquement parlant. De plus, Jérusalem est la capitale symbolique des Trois Monothéismes, et donc d’un intérêt tout particulier pour la Chambre de l’Adepte. L’Ordre de Jérusalem s’est établi à Jérusalem d’où il propagera ou renforcera l’intérêt dans l’Harmonie (et la Paix) des Fois ; l’étude des anciens Canaïtes et autres religions et cultes de la Terre Sainte ; Magie et Kabbale populaire ; la tradition de Sabbataï Tsevi, le « faux » Messie qui se convertit à l’Islam en 1666 ; le Dôme du Rocher et du Temple (symbolisé par le Buraq, moitié mule/moitié ange, que Muhammad chevaucha pour se rendre au Paradis, à partir du Rocher pour atteindre le Septième Ciel). L’Ordre de Jérusalem est aussi un ordre de « chevalerie », en cela il donne à tous ses membres le titre de « Chevalier de l’Ordre Maure de Jérusalem ». Le but des chevaliers est de renforcer et de protéger la Mission à Jérusalem, et de travailler pour la Paix au travers de l’harmonie inter-obédientielle.

L’Ordre du Paraclet est « Chrétien », mais du fait qu’il admet (potentiellement) toute forme de christianité il est très flexible et expansif. Le Paraclet, Celui qui Est à Venir, a été identifié avec Muhammad, et aussi avec « l’Esprit-Saint » du Millénarisme de Joachim de Fiore, qui vit un Âge du Père (la Loi) et un Age du Fils (l’Église) succédé par un Âge de l’Esprit – l’utopique millenium de liberté parfaite. Comme un nouveau millénaire approche, l’Ordre du Paraclet fonctionnera afin de donner une interprétation ésotérique et de manifester ouvertement son idéal. À côté du Poisson-Jésus du « Circle Seven Koran », les thèmes chrétiens suivants jouent un rôle au sein de l’Ordre du Paraclet : Les Compagnons de l’Esprit Libre, les Adamites, les Begards et Béguines, les Kabbalistes chrétiens, les Alchimistes et Hermétistes, le Néo-platonisme de la Renaissance et la Magie, l’Église Celtique et ses liens avec le paganisme, certaines formes de la Gnose (le lien avec « l’Égypte »), le Protestantisme radical (Anabaptistes, la Famille de l’Amour, les Ranters, les Antinomiens, les Niveleurs, William Blake et le Druidisme chrétien), les Églises Révolutionnaires de Spence et Weddeburn, le Culte religieux de Charles Fourrier, la Nouvelle Pantarchie Catholique de Stephen Peral Andrews (4), etc., mais aussi les Évêques Itinérants et les mouvements religieux Autocéphales qui jouèrent un rôle original dans la formation du M.O.C. (de là le terme « orthodoxe » et notre titre de Métropolite, par exemple) – l’accent sur le caractère magique de la liturgie définit la praxis de l’Ordre du Paraclet. Une autre source majeure d’inspiration est la tradition « Spirite », le syncrétisme entre le christianisme et le « HooDoo », rituel africain, iconographie, magie, etc. qui est la plus créative source de force spirituelle en Amérique aujourd’hui.

Comme pour prouver que la Chrétienté est plus compliquée que l’Islam ou le Judaïsme, l’Ordre du Paraclet a déjà fusionné ou s’est affilié avec plusieurs églises libres ou autocéphales – le but principal de l’Ordre sera d’organiser l’inter-communion des Églises chrétiennes libres et ainsi il agit en tant que bras Chrétien de la Chambre de l’Adepte du H.M.O.C.

Max Ernst, The Equivocal Woman, 1923.

En théorie, l’Ordre Fatimide et l’Ordre de Jérusalem peuvent chacun opérer de telles conjonctions par affiliations, mais ils ne l’ont pas encore fait. De plus, la Chambre de l’Adepte ressent un besoin d’ajouter encore plus d’Ordres et ou de Degrés au sein de sa structure, et encourage ouvertement les membres du M.O.C. à former – par exemple – des ordres Païens, Druidiques, Chamaniques, Bouddhistes, Taoistes, Tantriques ou tout autre. De plus, la Chambre de l’Adepte elle-même fait bon accueil à une « inter-communion » avec toutes les Religions Libres et Chemins Spirituels, jusqu’à et inclus les échanges d’Ordres et de Titres (par exemple l’affiliation Discordienne, ou nos relations avec les églises psychédéliques des années 60).

Tout ceci peut sembler hyper-complexe à tous ceux qui ne sont pas familiers de la politique de syncrétisme délibéré, d’hérésie positive, d’anti-hiérarchiqualisme et d’anti-autoritarisme qui est établie depuis longtemps par le M.O.C. On dit que les Anges se délectent dans les titres glorieux et les louanges, et nous les Maures ne sommes pas moins que les Anges en cela – mais nous n’avons jamais cru qu’un titre puisse jamais en diriger un autre. Nous nous tenons au nexus où la religion devient esthétique, festive, ludique et créative – une source et puissance pour la Liberté, pour les individus ainsi que pour le groupe.

SIJIL : La Triple Rose de la Chambre de l’Adepte. THE INNER LIGHT.  Article paru dans « The Moorish Science Monitor », Vol VII #2 Automne 1994. Ziggurat POB 25193 Rochester NY 14625.  Traduction Spartakus FreeMann novembre 2001 e.v.

(1) Les Nizâriens, Nizârites, Nizaris sont une communauté mystique musulmane (shî`ite ismaélienne) active depuis le XIe siècle. Ils sont aussi appelés Bâtinîs ou Batiniens car ils professent une lecture ésotérique du Coran. Le bâtin étant le côté secret des choses.En 1094, à la suite d’une scission importante dans le chiisme ismaélien fatimide, une nouvelle prédication fut organisée par Hasan-i Sabbâh, à partir du fort érigé sur le mont Alamut, au Sud-ouest de la mer Caspienne. À la fin du Moyen Âge, le développement de la communauté ismaélienne se poursuivit clandestinement sous le couvert du soufisme et a coïncidé avec l’essor de l’ismaélisme oriental (vingt-cinq millions de fidèles de nos jours), avec à leur tête l’Âgha Khân. Source : Wikipédia

(2) Les Qarmates ou Karmates sont un courant dissident de l’ismaélisme refusant de reconnaître le fatimide Ubayd Allah al-Mahdî comme imam, actifs surtout au Xe siècle en Iraq, Syrie, Palestine et dans la région de Bahreïn où ils fondèrent un état (903-1077) aux prétentions égalitaires – mais néanmoins esclavagiste – parfois qualifié de communiste, qui contrôla pendant un siècle la côte d’Oman. Il y eut des Qarmates dans toutes les régions atteintes par les missions ismaélites : Yémen, Sind, Khorasan, Transoxiane, Afrique. Ils entreprirent contre les Abbassides, puis contre les Fatimides, des excursions militaires (dont le sac de la Mecque et Médine en 930) qui leur valurent une réputation de guerriers redoutables. L’ismaélisme des Qarmates, probablement influencé par le mazdakisme, se distingue par son messianisme, son millénarisme et le radicalisme de sa contestation de l’inégalité sociale entre les hommes libres et de l’ordre religieux exotérique. Louis Massignon voit dans la propagande qarmate la source première du thème des trois imposteurs. Le terme de Qarmate a été appliqué avec une connotation péjorative à l’ensemble des ismaéliens par certains auteurs opposés à ce courant.

(3) Les Bohras ou Tayyibi de Abû al-Qâsim al-Tayyib, forment une branche des Musta’liens. Ce sont des groupements chiites ismaéliens dont les membres sont en grande partie originaires du Gujarat en Inde. Les Da’i al-Mutlaq, les représentants de l’Imam caché, sont les chefs spirituels de ces communautés.

(4) Stephen Pearl Andrews (né le 22 mars 1812 ; mort le 21 mai 1886) est un anarchiste individualiste américain, auteur de nombreux livres et articles libertaires.

Cet article a été modifié le 13 mars 2020

Spartakus FreeMann
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Spartakus FreeMann